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Les Antiennes « O »

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Nous vous invitons à préparer la fête de Noël à l’aide de la liturgie de l’Avent marquée dans ses derniers jours par le chant des Antiennes « O ». Outre le sermon suivant :

Sermon sur les Antiennes « O » (16 décembre 2007)

… nous vous livrons ici un article écrit il y a plus de soixante ans sur les belles antiennes « O », les grandes antiennes préparatoires à la fête de Noël.

Il y a, au cours de la sévère période de l’Avent, rompant quelque peu l’apparente monotonie de ces quatre semaines violettes, quelques étapes, éclairées, pour ainsi dire, de lueurs plus vives, annonçant deja la – grande lumière de Noël.
Ainsi du 3ème Dimanche : Gaudete — le Dimanche rose — et des trois Féries des QuatreTemps d’hiver. Ainsi, et surtout peut-être, du septenaire précédant immédiatement la Vigile de Noël, du 17 au 23 décembre, où l’on retrouve, chaque année avec une joie nouvelle, les Grandes Antiennes, qu’on appelle aussi les « O » de l’Avent, parce qu’elles commencent toujours par la lettre exclamative : « O ».
A l’office des Vêpres de chacune de ces Féries majeures, l’antienne de Magnificat revêt une solennité particulière qui lui a valu ce qualificatif de « grande ». On la chante en entier, avant et après le Magnificat, comme aux Fêtes doubles. Dans certaines églises et, aujourd’hui encore, dans les monastères de l’Ordre bénédictin, elles sont accompagnées d’une pompe toute particulière. La première est entonnée solennellement au trône par l’Abbé revêtu de ses ornements pontificaux, cependant que l’on sonne la grosse cloche… C’est déjà la grande joie de Noël, désormais toute proche.
Ces Antiennes, d’une grande richesse de doctrine, renferment, suivant l’expression de Dom Guéranger, « toute la moelle de la liturgie de l’Avent ». Elles résument en quelque sorte, les implorations ardentes des Patriarches et des Prophètes, les aspirations vers le Messie de tous les peuples et de tous les siècles.
Chantées sur une mélodie à la fois majestueuse et grave, reflétant l’admiration et la véhémence du désir, elles ont leur place aux Vêpres, à l’Office du soir, pour rappeler que c’est sur le soir du monde, « Vergente mundi vespere », que daigna s’incarner le Verbe de Dieu et elles encadrent le magnifique cantique du Magnificat, pour indiquer que la Rédemption nous est venue par Notre-Dame.
Les Grandes Antiennes sont, avons-nous dit, au nombre de sept. Ce chiffre ne fut pas toujours immuable. C’est ainsi qu’au Moyen Age, certaines Eglises en ajoutèrent plusieurs autres : à la Sainte Vierge, à l’ange Gabriel, à Saint Thomas, dont la fête arrive le 21 décembre, et même à Jérusalem. Mais on ne conserva que les sept principales apostrophes adressées. directement au Verbe incarné. Elles peuvent être considérées comme les prières de l’Avent par excellence et comptent parmi les plus belles pièces liturgiques de l’Eglise.
Chacune salue le Christ d’un titre chaque jour différent et comporte l’adjuration solennelle « Veni », Venez ne tardez plus. Nous ne saurions mieux faire que de reproduire ici ces sept admirables Oraisons dans l’ordre où elles se succèdent :

Le 17 Décembre : O Sapientia. « O Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut, qui atteignez d’une extrémité du monde à l’autre et disposez toutes choses avec force et suavité, venez nous enseigner les voies de la prudence ! »
Le 18 Décembre : O Adonaï, « O Adonaï, chef de la Maison d’Israël, qui, dans la flamme du buisson ardent, êtes apparu à Moïse et lui avez donné la Loi sur le Sinaï, venez nous racheter dans la force de votre bras ! »
Le 19 Décembre : O Radix Jesse, « O Rejeton de Jesse, qui êtes dressé comme un étendard à la face des peuples, devant qui les rois se tiendront dans le silence et que les nations invoqueront, venez nous délivrer ; ne tardez plus ! »
Le 20 Décembre : O Clavis David, « O Clef de David et sceptre de la Maison d’Israël, vous qui ouvrez et nul ne peut fermer, qui fermez et nul ne peut ouvrir, venez et tirez de prison le captif assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort ! »
Le 21 Décembre : O Oriens, « O Orient, splendeur de la lumière éternelle et Soleil de justice, venez sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort ! »
Le 22 Décembre : O Rex Gentium, « O Roi des Nations et objet de leurs désirs, Pierre angulaire qui unissez en Vous les deux peuples, venez et sauvez l’homme que vous avez formé du limon de la terre ! »
Le 23 Décembre : O Emmanuel, « O Emmanuel, notre Roi et notre Législateur, l’attente des nations et leur Sauveur, venez et sauvez-nous, Seigneur notre Dieu ! »

Lorsqu’on étudie dans leur ensemble ces sept Antiennes et chacune d’elles en particulier, on peut constater tout d’abord qu’il y a, de l’une à l’autre, une progression dans la pensée et dans l’expression. Pour parvenir au lever du Soleil de justice, l’on traverse les phases successives de l’aube et de l’aurore… L’on y trouve de plus une incomparable richesse d’images. Chacun de ces chants est un magnifique tableau, un saisissant aperçu ouvert sur le lointain des âges et sur l’éternité.

Le premier vocable dont l’Eglise salue le Verbe incarné est son titre de Sapientia, la Sagesse incréée, éternellement engendrée avant tous les siècles et organisant avec force et douceur l’immensité des mondes. Ce « suaviter et fortiter » ne résument-il pas merveilleusement le grand poème de la Création ?
Les trois Antiennes suivantes sont sous le signe de l’Ancienne Alliance :
O Adonaï. Adonaï est le nom que les Juifs donnaient à Dieu. Ce chant rappelle les épisodes bibliques du Buisson ardent et de la Loi promulguée sur le Sinaï. Deux figures de la lumière de Noël.
O Radix Jesse. L’Antienne reprend l’image magnifique d’Isaïe : la Racine de Jesse avec sa Tige qui est Marie et sa Fleur, le Christ. Débordant le cadre de l’Ancienne Loi, ce Rejeton de Jesse est devenu un étendard dressé devant les rois et les peuples de tous les temps. Et cet étendard n’est autre que la Croix — « Vexilla Regis,prodeunt » — qui profile déjà sur l’aube de Noël son ombre sévère.
O Clavis David. Les Juifs, avec leur goût du symbolisme, désignaient souvent Dieu et son Saint Nom par un hexagone qu’ils appelaient la Clef de David. Cette clef qui, seule, donne un sens à toutes les figures et à tous les mystères de l’Ancien Testament, s’appelle aussi l’Etoile de David, emblème conservé par les Israélites jusqu’à nos jours. Et cette étoile (Etoile de Balaam, Etoile des Mages) est aussi un signe du Messie qui vient.
O Oriens. Voici encore une gracieuse et parlante image du Sauveur, image qui nous est donnée par les deux prophètes Zacharie. Orient, Soleil qui se lève, non plus seulement sur le peuple élu, mais sur le monde païen tout entier, assis jusqu’alors dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort.
O Rex Gentium. Nous avons ici comme une vue d’ensemble sur les siècles. La Bonne Nouvelle a été annoncée à toutes les nations et le Christ, Pierre angulaire, unit en un seul édifice — l’Eglise — Israël et la Gentilité.
O Emmanuel. « Dieu avec nous ». Avec ce vocable qui a la douceur du miel, la dernière des Grandes Antiennes nous ramène aux abords de la Crèche qui, dans deux jours, recevra « Celui que les cieux ne peuvent contenir ». Il ne nous reste plus qu’à y adorer, avec toutes les nations, « le Roi et le Législateur, l’attente des peuples, le Seigneur notre Dieu ».
Dr Ch. COUBARD


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